Naïade Delapierre Safieddine

J’aime m’investir dans une pratique de plus en plus affinée, élargir mes connaissances théoriques et techniques en art, approfondir et combiner les techniques que j’ai déjà abordées dans les différents domaines des arts visuels en 2D et en 3D, en travaillant sur l’installation et la performance.

Dans mon travail, je me sens souvent attirée par la relation du corps avec l’espace à travers la scénographie, l’immersion, et au fil du temps, je me suis intéressée à la polyvalence des domaines artistiques dans une approche interdisciplinaire de l’art.

Pour ne citer que cette étude,  j’ai énormément apprécié faire des recherches et mettre en forme mon DNA écrit (Diplôme National d’Art) sur Raquel Kogan découvrant ainsi les codes de la mise en page et l’univers de cette artiste brésilienne qui m’inspire fortement et s’intéresse à des thématiques, semblables à celles développées dans mes projets personnels : le travail sur le reflet, l’interaction entre les œuvres et le spectateur, l’utilisation régulière de la vidéo et de la projection ainsi que la réflexion sur le langage.

J’ai d’ailleurs eu la chance de découvrir cette artiste durant l’exposition Artistes et Robots au Grand Palais à Paris en 2018. J’y ai interprété spontanément une danse au sein d’une de ses œuvres  Reflexao#2, qui prête à l’interaction avec le spectateur.

Et elle a reçu mon travail et m’a félicitée.

J’aimerais, dans la continuité de mes études aux Beaux-Arts de Toulouse, avoir l’occasion d’utiliser davantage les espaces proposés au sein de divers lieux, afin d’expérimenter d’autres matières et techniques et d’élargir mon travail plastique qui a été fortement impacté ces deux dernières années en raison de la pandémie de la Covid-19.

J’aime travailler en collaboration avec des danseurs et musiciens et m’ouvrir sur les différentes pratiques artistiques qui poussent à une certaine interdisciplinarité de l’Art.

Cette rencontre entre Arts Plastiques et Arts du Spectacle, plus particulièrement la danse, se tisse au fur et à mesure des années et de mes idées. L’éphémère, qui ressort de la pratique de la danse, se répercute dans mes projets artistiques surgissant d’un intérêt particulier, voire d’une obsession pour des thématiques comme la dégradation, le temps et le langage…

Le souvenir, l’instant et le « à-venir », ces moments précieux, matières de mon travail, qui apparaissent furtivement pour être transformés ou réinterprétés et dont la trace sera une capture par différents médias.

On retrouve dans mes projets, une importance essentielle de la femme et de son corps, s’émancipant des contraintes imposées, des tabous inexpliqués pour réveiller sa féminité́, sa force, sa sensualité́ et ses droits depuis si longtemps bafoués.

Faire tomber le voile pour en faire naître des ailes.

Cette année je me suis penchée sur la situation actuelle au Liban. Les évènements qui s’y sont produits depuis les révoltes en octobre 2019 ainsi que la double explosion du mois d’août 2020 m’ont beaucoup touchée de par mon origine maternelle et les témoignages de proches vivants une époque très compliquée et ce, depuis des années. Malgré la difficulté à m’exprimer sur ces sujets, car très délicats, Je voulais créer des projets artistiques susceptibles de sensibiliser les gens à la situation de ce pays.

La maquette 4.08.20 est une installation qui évoque l’explosion de Beyrouth. J’aimerais pouvoir la concrétiser à l’échelle 1, à Toulouse, au Liban voire dans d’autres pays, dans un objectif de mémoire et de soutien à la population dans cet évènement tragique.

 

De la photographie à l’installation, de la peinture aux supports numériques, je me plais à imaginer des relations inventives entre des domaines et des techniques différentes et à m’inventer des situations, des dispositifs, des scénographies.

Un processus de création se construit au fil du temps, parfois même sans réelle prise de conscience, instinctivement. Nombres de disciplines s’y lient et s’y entremêlent, tendant vers une abstraction sensorielle.

Une de mes intentions premières, durant ces prochaines années, est de développer un projet multidisciplinaire  sur le langage mêlant jeux d’écriture, calligraphie et langage corporel.

L’aboutissement en serait une série de performances et d’installations d’où naîtraient des œuvres inscrites sur différentes matières et supports, reflets des inquiétudes et des espoirs à venir. A partir de recherches qui s’appuieront sur l’histoire de la société humaine, des œuvres pariétales aux divers moyens de communication actuels, j’essaierai d’anticiper les langages vers lesquels nous nous dirigeons et les implications pour notre avenir.

La tournée de mon installation pour le Liban offre la possibilité de rencontrer des des acteurs importants du milieu artistique, essentielles pour s’ouvrir à une véritable expérience professionnelle.

Je souhaite en effet, dans le futur, faire partager mon travail artistique le plus largement possible, dans le cadre d’institutions culturelles mais aussi dans des espaces ouverts.

Naïade Delapierre

Juillet 2021